4 questions à Jean-Manuel Puig
ppa.architectures
#Architectes Publié le 24 avril 2018 par L'Echo de la Baie
Basée à Toulouse, la très active agence ppa.architectures est notamment aux côtés d’OMA et TAA sur le PEX, le futur Parc des Expositions (2019). Rencontre avec Jean-Manuel Puig.
Jean-Manuel Puig, y a-t-il une oeuvre, une personne, un bâtiment qui ont fait pour vous rencontre avec l’architecture ?
JEAN-MANUEL PUIG : J’ai grandi dans le quartier de la basilique Saint-Sernin et du musée Saint-Raymond, qui m’ont fasciné. Quant à la figure de l’architecte, elle a résonné à travers la personnalité d’un ami proche de mon père, Jacques Munvez. Mes premières expériences à la fin des années 90 ont aussi été déterminantes. L’année passée dans une toute petite agence new-yorkaise a été très formatrice. De même, à mon retour en France, celle vécue comme assistant conducteur de travaux sur un gros projet SNCF ; la coordination d’une vingtaine d’entreprises m’a beaucoup appris, en plus d’assouvir mon complexe/attirance pour le chantier (rire). Et puis bien-sûr, il y a les affinités à l’œuvre lors de la fondation de l’agence en 1999 avec Guillaume Pujol puis, en 2011, dans la fusion avec Ping Pong architectures, Charles Séguier et Olivier Companyo, plus jeunes d’une dizaine d’années, et enfin dans la création de la filiale Execo en 2013 (économie de la construction et maîtrise d’œuvre d’exécution).
Ces affinités s’accordent aux enjeux auxquels tentent de répondre votre pratique. Comment les définissez-vous Jean-Manuel Puig ?
Jean-Manuel Puig : Notre positionnement des débuts semble avoir gagné en pertinence avec la crise économique des dernières années : c’est une conception de l’architecture dans son contexte politique, économique et social, avec cette conséquence concrète d’aborder la gestion économique du projet, souvent très tendue en région, de façon extrêmement pragmatique pour tirer le maximum de la construction en termes de qualité d’usage. L’expression architecturale – l’image, l’identité plastique – nous soucie assez peu, elle vient souvent à la fin comme la résultante d’une conception efficace et généreuse ; il nous semble que c’est l’intelligence du bâtiment qui fait la pérennité de l’architecture…
Au fil des projets, nous avons développé une stratégie constructive guidée par la rationalité de la structure, la préfabrication, les éléments sériels. Par exemple, les 150 logements d’Andromède (Blagnac, 2009) utilisent en tout et pour tout deux types de menuiseries, la baie du séjour et la fenêtre, pour une typologie d’habitats pourtant variée qui va de la maison individuelle isolée à la maison en bande en passant par le petit collectif. Hors mode et gadgétisation, la mixité ou l’évolution des usages nous intéressent bien sûr, de même que le travail sur les matériaux. Nous nous intéressons depuis longtemps à des structures de bâtiment très génériques qui permettront au bâtiment d’évoluer et de se transformer. Nous privilégions des matières sobres, naturelles, recyclées et recyclables, mais là aussi surtout hors dogme. La pertinence est l’objectif ultime.
Comment abordez-vous le traitement des façades, des ouvertures, de la lumière ?
Jean-Manuel Puig : Sur les projets de logement, on sait que l’exercice est très tenu, et là encore, la façade exprime les qualités du bâtiment et des usages : on peut dire de façon un peu provocante qu’elle est la dernière chose que l’on dessine. Très souvent, on fait de l’architecture avec des ouvertures et des terrasses, avec les plus grands châssis possibles pour l’apport de lumière, le sentiment d’espace, et pour faciliter la relation intérieur-extérieur, d’où le soin apporté au traitement de la baie.
C’est assez frappant sur la résidence universitaire Olympe de Gouges à Toulouse, dont les logements étudiants sont minimaux (16 m2), l’unique fenêtre toute hauteur et… en aluminium, un choix a priori pas le plus économique.
Jean-Manuel Puig : Ces logements sont surtout conçus non pas comme des logements miniatures mais comme des espaces libres dont les mobiliers sont aussi flexibles que les usages (jour, nuit, travail…). La menuiserie a été dimensionnée et positionnée spécifiquement pour favoriser une échappée visuelle, l’allège en vitrage opalescent conférant à l’espace de l’intimité tout en étant un accélérateur de lumière. Quant au choix de l’aluminium – notre matériau favori en la matière –, les promoteurs nous disent que c’est cher depuis toujours mais on a pu le choisir dans presque tous les cas, grâce aux économies générées par la sérialisation et par des arbitrages. La démarche vaut d’ailleurs tout aussi bien pour des projets haut de gamme comme celui que nous venons de livrer sur la ZAC Boulogne-Billancourt : c’est précisément la modestie du discours quant à l’image et notre proposition de consacrer le budget dégagé à l’amélioration des usages qui ont séduit la promotion lors de la phase concours, et nous avons pu, en plus, financer une vêture inox, des terrasses en toiture, etc.
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