Parole d’architecte : 3 questions à … Maud Caubet
#Architectes Publié le 26 février 2020 par L'Echo de la Baie
À la tête d’une agence d’une vingtaine de collaborateurs entre Paris et Bruxelles, Maud Caubet partageait récemment sur EnerJ Meeting sa conviction d’une nécessaire « résilience » des bâtiments à travers ses projets lauréats de l’appel à projets « Inventons la Métropole du Grand Paris »*, mais aussi de réalisations plus intimistes.
Maud Caubet, quelle a été votre première rencontre avec l’architecture ?
Maud Caubet : Enfant, je me suis imprégnée des architectures vernaculaires des îles grecques découvertes lors des navigations en voilier avec mes parents, puis des habitats traditionnels rencontrés en Afrique : des volumes simples, des compositions très intuitives, un rapport au paysage, une épure, une façon de révéler seulement l’essentiel qui habite certainement aujourd’hui ma pratique.
Quand il a fallu penser à une profession, je voulais à la fois pouvoir être utile, engagée, créative, travailler la matière et la lumière – sans savoir qu’en fait, cela s’appelait l’architecture. La rencontre avec une architecte sur un forum des métiers a été une révélation : il était possible d’être architecte sans être ingénieur… J’ai alors étudié aux Beaux-Arts de Paris puis à l’ENSA Paris La Villette, avant de poursuivre à l’École Royale d’architecture de Stockholm, avec cette volonté de créer rapidement mon agence (en 2006) après mon diplôme (2003), non sans avoir beaucoup voyagé.
Du design, qui a mobilisé vos premiers travaux, vous dites qu’il rencontre votre pratique de l’architecture via le travail sur l’échelle et sur l’échange entre intérieur et extérieur. Vous plaidez aussi pour une « architecture de vie », qui suppose notamment la réversibilité du bâtiment neuf ou rénové. Quels rôles jouent les ouvertures dans cette démarche ?
En pratiquant auprès de designers comme Andrée Putman ou Jean-Marie Massaud, j’ai appris le travail de la « petite » échelle, qui est celle de l’intérieur avec laquelle dialogue l’architecture à « grande » échelle. La démarche d’un architecte comme Mies van der Rohe m’impressionne particulièrement dans son art de brouiller les limites entre dedans et dehors, comme sur son Pavillon de Barcelone, dont les grands châssis font entrer le paysage à l’intérieur et qui joue ainsi avec les lumières, selon l’heure et la saison. La baie est cet élément de filtre et de transition formidable ; et quand on peut la faire disparaître comme par magie, on obtient tout !
Sur une restructuration comme celle de l’immeuble de bureaux de la rue de Milan, à Paris, la façade initialement amiantée et « plate » – de petits châssis encastrés dans des grands volumes en verre émaillé – a été conçue pour agrandir et éclairer l’espace intérieur. Entièrement vitrée via des châssis toute hauteur devant des balcons filants, elle le protège néanmoins derrière des panneaux de résilles perforées, de grands drapés métalliques couleur champagne qui font fonction de brise vue et de brise soleil. Le fait que cette façade ne soit pas connotée tertiaire participe à la capacité du bâtiment à évoluer vers un usage hôtelier ou résidentiel ; c’est aussi ça, un bâtiment vivant.
Sur une maison neuve comme celle des Landes, les ouvertures traduisent le parti pris d’un habitat à la fois introverti, protégé et lumineux. Sur pilotis, elle hisse la vue vers l’océan, par-delà la cime des pins. Très ouverte vers cet horizon plein ouest, elle l’est aussi sur le patio intérieur, grâce à de larges baies protégées par des brise vue dans le patio et des brise soleil côté mer. Les façades sont en revanche très fermées du côté de son principal accès.
Autre exemple, le futur hôtel Jo&Joe du projet Les Lumières Pleyel*. Dans cet environnement urbain dense, l’un des enjeux en façade consistait à densifier le jeu de filtres : de grands bacs en bois végétalisés étirés devant de grands châssis vitrés horizontaux forment des jardins suspendus et créent un espace de rencontre entre intérieur et extérieur.
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