Rencontre avec… Oyapock Architectes
#Architectes Publié le 15 avril 2021 par LAURENCE MARTIN
À peine six ans d’existence et cinq fois lauréate dont, dernièrement, des AJAP-Albums des jeunes architectes et paysagistes. Même sans carburer à la récompense, il est assez réconfortant de voir régulièrement et diversement distinguée une jeune agence au travail orienté par une urbanité plus inclusive et des bâtiments écoconçus. Rencontre avec les trois associés parisiens de l’agence entre France et Brésil, Oyapock Architectes.
L’Echo de la Baie : Une personne, une œuvre, un paysage, un bâtiment… comment avez-vous rencontré l’architecture ?
Adrien Mondine : C’est quelque chose qui s’est imposé avec le temps, notamment par la lecture : à partir des mots d’un autre, je concevais des espaces par l’imaginaire.
Mathieu Garcia : Tout jeune, la profession d’architecte représentait pour moi une façon concrète de participer à la construction de la société.
Florent Descolas : J’ai vécu mon enfance dans une maison en permanence en chantier, aux potentiels inépuisables…
Qu’est-ce qui vous a réunis, vous et vos partenaires brésiliens ?
F. D. : Adrien, Mathieu et moi avons travaillé plusieurs années chez Brénac & Gonzalez où nous avons eu la chance d’être très tôt responsabilisés, en charge d’équipements, de la conception au chantier.
M. G. : Nous étions chacun convaincus que nous monterions notre agence, mais pas seul, nous avions besoin de partager des choix.
A. M. : La rencontre avec Raphaël Franca et Rodrigo Tamburus date de l’ENSA Paris-La Villette mais nous nous sommes retrouvés en 2015, alors que nous avions chacun envie de prendre du recul sur notre pratique, sur un workshop pour l’extension d’une scène musicale à Rio. Ce projet a été très structurant pour nous. Son échelle était tout à fait différente des gros projets que nous traitions en tant que salariés chez Brénac & Gonzalez, dans un contexte urbain inédit, au sommet d’une favela dont les problématiques nous ont incité très vite à trouver des solutions locales, en termes tant de savoir-faire et de main d’œuvre que de matériaux, dans un esprit de circuit ultra court et de réemploi/valorisation. Par exemple, les briques, récupérées sur place, ont été posées ajourées pour contribuer au dispositif de ventilation.
M. G. : Il existe deux entités administratives mais Oyapock est un vrai collectif. Nous nous retrouvons sur des projets qui font sens, même si c’est beaucoup plus compliqué ces deux dernières années, avec la pandémie, la source des concours qui s’est un peu tarie, et, au Brésil, le contexte politique, les crises économiques, sociales et sanitaire.
La crise sanitaire a-t-elle un impact sur votre vision du métier ?
A. M. : C’est une première crise environnementale annonciatrice d’autres à venir si on ne change pas nos habitudes. En tant qu’architectes, nous avons depuis le début la volonté de contribuer à influer sur la responsabilité du bâtiment dans le dérèglement climatique. Notamment en repensant la culture du tout béton.
M. G. : L’industrialisation du béton défavorise la mise en œuvre des matériaux biosourcés liée aux contraintes réglementaires, en matière de sécurité incendie par exemple. Bois, paille, chanvre, terre crue… on a désappris à les utiliser alors que l’on sait résoudre de nombreuses problématiques.
A. M. : Sur l’équipement sportif de Parçay-Meslay, près de Tours (une construction bois-paille de 2 000 m2 en plein champ de niveau E3C2, livraison 2022), la mise en œuvre de la paille nous a permis de rencontrer un réseau passionnant et de porter cette ressource très présente en France.
Vous rencontrez des maîtres d’ouvrages concrètement plus attentifs aux questions écologiques…
F. D. : Certains aménageurs et maîtres d’ouvrages avertis, ou tout simplement à l’écoute, nous aident à pousser nos ambitions environnementales. C’est le cas sur les logements de la cour des Lyanes dans le XXe arrondissement de Paris, lauréat d’un concours intégrant la construction bois du fait des exigences de la ville. À Choisy-le-Roi, le maître d’ouvrage nous a suivi sur le choix du bois pour l’extension du Centre de loisirs de la Prairie (livré en 2021) après de nombreux échanges du fait d’un budget très serré. Et nous avons été invités à participer à la programmation avec les équipes municipales et pédagogiques pour concevoir un bâtiment répondant finement à leurs attentes tout en intégrant des objectifs bas carbone.
A. M. : Tout projet fait avancer les choses. Petit à petit, les filières œuvrent, formalisent les bonnes pratiques, les font reconnaître par les bureaux de contrôle et les assurances… Nous avons bon espoir que les générations futures voient se construire une ville plus aimable.
Comment abordez-vous la question des ouvertures ?
F. D. : Dans le logement, nous visons le maximum de clair de vitrage, l’invisibilité du dormant en façade extérieur et la matière valorisée à l’intérieur, avec des menuiseries bois ou bois-aluminium, les plus fines possible, même si on ne s’interdit pas d’assumer des lignes plus épaisses. Nous avons plutôt tendance à travailler des ouvertures toute hauteur, à les regrouper, et à dépasser la règle du 1/6e, qui est souvent un maximum pour le promoteur et un minimum pour nous…
Site web d’Oyapock Architectes
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