Emmanuelle Legault : tout est possible !
#Quoi de neuf ? Publié le 27 décembre 2019 par L'Echo de la Baie
Il était une fois un petit village de 800 âmes, à la pointe du Finistère nommé Locronan. Et à Locronan, se trouvait une entreprise familiale spécialisée dans la fabrication des portails, clôtures et gardes corps en aluminium. Une entreprise qui affichait chaque année une croissance à deux chiffres, et où beaucoup de Finistériens souhaitaient travailler, tant les possibilités d’évolution y étaient réelles. Cette structure a priori enchanteresse existe bel et bien. Elle se nomme Cadiou Industries.
Rencontre avec sa dirigeante, Emmanuelle Legault.
L’Echo de la Baie : Quel a été votre parcours académique ?
Emmanuelle Legault : J’ai obtenu un Bachelor en marketing et commerce, à l’Ecole Supérieure de Commerce Audencia Nantes. J’ai ensuite complété ma formation par un Master en contrôle de gestion et en système d’information, à l’ESC de Brest.
En 2003, vos parents vous appellent à la rescousse et vous demandent de prendre la direction de l’entreprise familiale. Dans quel état d’esprit reprenez-vous le flambeau ?
Emmanuelle Legault : Mes parents ont créé l’entreprise en 1973 et y ont véritablement consacré toute leur vie. Mon père était menuisier bois et ma mère gérait la comptabilité et l’administratif. Mon enfance fut rythmée par leurs angoisses, leurs succès. Ils ont eu jusqu’à 150 salariés. Mais, en 2003, beaucoup de mutations ont touché le monde de l’entreprise et ils ont choisi de me transmettre l’entreprise. Mon mari et mon beau-frère les avaient déjà rejoints et l’objectif était de créer un triumvirat, avec des compétences bien spécifiques, pour diriger l’entreprise. Je croyais à la qualité des produits. Le marché était porteur. L’entreprise avait une excellente culture… J’étais partagée entre le refus de vivre l’angoisse que mes parents avaient du gérer toute leur vie, et l’envie d’en découdre avec l’entrepreneuriat. Et puis, je ne me plaisais pas totalement dans les entreprises au sein desquels je travaillais à l’époque. Je me suis donc lancée en m’autopersuadant que je pouvais essayer. Ca a marché …
Avez-vous rencontré certains écueils lorsque vous avez pris la Direction de Cadiou Industrie ?
Emmanuelle Legault : En 2010, j’ai affronté une crise sociale. Je voulais opérer un changement de paradigme dans l’entreprise, et n’ai pas su convaincre l’ensemble de mes collaborateurs de nous suivre. Je suis allée trop vite. Les syndicats ont réagi négativement… Cela a été une épreuve difficile pour moi, mais m’a permis de changer de cap et de me recentrer sur la production et la relation client. En 2013, j’ai mis en place le Lean management dans l’entreprise et nous avons centré nos efforts sur le bien-être au travail pou optimiser le climat au sein de l’entreprise. Nous avons également créé le recrutement sans CV, donc sans discrimination. Nous avons mis en place un atelier-école pour les menuisiers et proposé à chacun de nombreuses possibilités d’évolution interne grâce à la formation professionnelle. Ici il est possible de passer d’un poste d’ouvrier à celui d’assistant commercial ou animateur qualité. Par ailleurs je suis passionnée de logistique. Nous disposons donc d’une vraie flotte de transport avec 20 camions et livrons tous les artisans chaque semaine.
Si vous aviez un conseil à donner à une femme dirigeante d’entreprise, quel serait-il ?
Emmanuelle Legault : D’oser poser toutes les questions, même celles que vous pensez stupides. Je ne suis pas ingénieure. Je ne connais donc pas toutes les pièces qui servent à composer nos produits. Mais mon sens des affaires, très orienté clients, me permet de croire que tout est possible techniquement. C’est ainsi que je demande à notre service R & D de fabriquer des produits auxquels nos ingénieurs eux-mêmes, avec un raisonnement davantage orienté produits et industrialisation, n’auraient peut-être pas songé.
Êtes-vous animée par un credo dans la vie ?
Emmanuelle Legault : « Tout est possible » ! Et je le mets en application.
“Portrait chinois” d’Emmanuelle Legault
Si vous étiez une ville ?
San Francisco, car elle a préservé son architecture, valorisé son paysage, accueilli des start-up et des personnes de toutes les cultures. Un bel exemple d’ouverture d’esprit.
Si vous étiez une qualité ?
Justement. : l’ouverture d’esprit !
Si vous étiez une couleur ?
Le bleu, comme la mer qui m’entoure.
Si vous étiez un animal ?
La mouette. Beaucoup de personnes ne l’aiment pas ici… mais moi, j’apprécie son côté libre et serein.
Vous aimerez aussi
ROTO édite "La saga de l'OB", sa bande dessinée pour les installateurs
Inédit, original et ludique sont les trois mots qui définissent la première bande dessi...
Mister Menuiserie : l’inquiétude des clients et des fournisseurs monte
Après le placement en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Rouen le 1...
Abonnez-vous
Profitez du magazine où et quand vous voulez. Abonnements papier et offres 100% numériques sur ordinateur, tablette et smartphone
Déjà abonné ? Identifiez-vous