François Bourgoin, Président du Groupe HPG
#Quoi de neuf ? Publié le 14 juin 2020 par L'Echo de la Baie
François Bourgoin, homme de challenge chargé de diriger le groupe familial HPG composé de quatre marques connues de la menuiserie française que sont Préfal, Alupréférence, Préfalu et Bieber, nous confie sa vision sur la reprise du marché.
Dans quel état d’esprit avez-vous géré cette crise et comment s’est organisée la reprise de l’activité du Groupe HPG ?
François Bourgoin : Cette crise nous a d’abord plongé face à l’inconnu. Une situation inédite pour un dirigeant. Pour y faire face, il était nécessaire de trouver des solutions et de prendre des décisions au jour le jour, avec pragmatisme et rapidité. Après une période d’arrêt de 15 jours qui nous a permis de nous organiser à la reprise d’activité, nous avons réouvert partiellement les usines du Groupe le 6 Avril. Au bout de 15 jours, nous étions à un niveau d’activité avoisinant les 80% de nos capacités de production.
A ce jour, quel est l’impact économique pour le groupe ?
L’impact économique est non négligeable pour notre Groupe mais nous avons la chance d’être solides financièrement et de pouvoir absorber la perte en trouvant des leviers économiques sur des dépenses considérées comme non vitales pour l’avenir du Groupe à courts et moyens termes. Tous les projets qui permettront au Groupe de se développer et de créer de la valeur pour nos marques ont été maintenus.
Quelle a été pour vous la plus grande difficulté à surmonter pendant cette période ?
Sans hésitation, le plus complexe à gérer a été l’incertitude face à cette situation évolutive de jour en jour. Notre gouvernement et les instances représentatives du bâtiment ont mis presqu’un mois à trouver une ligne directrice pour encourager la reprise d’activité. Nous avons donc dû à notre niveau faire des suppositions et faire confiance à notre intuition, en restant à l’écoute permanente de nos clients. Nous avons redoublé d’efforts et d’astuces pour garder un lien constant avec eux et comprendre leur quotidien.
Quels moyens mettez-vous en œuvre pour relancer l’activité commerciale ?
Aujourd’hui, la priorité est de faciliter le business de nos clients au quotidien pour leur permettre de reprendre avec un maximum de sérénité. Nous avons donc mis en place une véritable campagne de communication pour les informer régulièrement des nouvelles informations marché, générer un maximum de leads de particuliers via le levier digital, nous avons déployé des moyens financiers pour stocker nos menuiseries afin de les mettre à leur disposition dès qu’un chantier se libère. Et bien évidemment nous sommes à l’écoute au cas par cas, des besoins de nos clients.
Avez-vous de nouveaux projets ?
Nous avons des projets importants de développement produits et de refonte de plusieurs de nos marques. Nous avons maintenu ces projets d’envergure. Mais nous tenons à les dévoiler quand le moment sera venu.
Quel est votre sentiment sur la situation du marché de la menuiserie à la sortie de cette crise ?
C’est un peu difficile à entendre, mais un match important est en train de se jouer. Les entreprises solides à la gestion pérenne seront plus avantagées, tant du côté des fabricants que des menuiseries indépendantes. De mon point de vue, le paysage de la menuiserie en France pourrait changer. Ceux qui arriveront à passer les prochains mois sans trop de difficultés récupéreront probablement des parts de marché qu’ils auraient eu plus de difficultés à conquérir en temps normal. Côté chantier, si la croissance est maintenue, les entreprises qui se positionnement sur cette activité pourraient être également avantagées.
Quel sera, selon vous, le comportement des français dans leurs actes d’achats ? L’épargne sera t’elle de mise ou éprouveront-t’ils le désir d’améliorer leur habitat ?
Oui sans hésiter. Le confort, la volonté de vivre dans un cocon pour soi et sa famille est un désir intemporel hédoniste. Le marché reprendra, si les ménages ont confiance en l’avenir.
Dans un premier temps, le réflexe est au repli et à la prudence. C’est une réaction légitime lorsque l’on a peur. Là encore, tout va dépendre des nouvelles évolutions de la pandémie. Une fois l’orage passé, la consommation reprendra plus ou moins rapidement.
Le particulier a t’il des réticences à faire des travaux pour des raisons économiques et/ou sanitaires ?
Les raisons pour lesquelles les consommateurs « ne feront pas de travaux » seront aussi différentes qu’il y a de familles en France. Restons optimistes, si la confiance est là… la consommation sera.
Espérez-vous des aides gouvernementales dans le cadre d’un plan de relance ?
Bien sûr. Des leviers associés au crédit d’impôt seront toujours bienvenus pour soutenir la profession.
Quels changements, selon vous, découleront de cette crise ?
L’échiquier s’est déplacé, il est moins figé qu’auparavant. Et d’une crise naît souvent des opportunités. Je ne suis pas devin mais je suis convaincu que les compétiteurs du marché qui arriveront à « innover utile » deviendront les leaders de demain.
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