Interview exclusive de Bruno Léger – Directeur Général de K-LINE et Président du SNFA
« Je suis très fier de notre profession »
#Quoi de neuf ? Publié le 14 mai 2020 par L'Echo de la Baie
Bruno Léger confie à L’Echo de la Baie son sentiment par rapport à la gestion de la crise liée au Covid 19, évoque l’impact qu’elle génère sur l’ensemble de nos marchés et dévoile les termes de la proposition faite au gouvernement relative à un Plan de Relance spécifique pour les fenêtres.
Dans quel état d’esprit avez-vous géré cette crise et comment s’est organisée la reprise progressive de l’activité des sites de production ?
Bruno Léger : En tant que Président du SNFA, je suis très fier de notre profession et très admiratif de la réaction de l’ensemble des acteurs de la menuiserie extérieure qui se sont unis pour organiser cette reprise. Ils exprimaient tous, dès le départ de cette crise sanitaire, une volonté farouche de reprendre rapidement leur activité tout en préservant la santé de leurs salariés. L’arrêt de nos usines le 17 mars a été un choc pour l’ensemble de la filière. Du jamais vu ! Dès le vendredi 20, nous nous sommes concertés et avons travaillé ardemment à l’unisson et en totale collaboration afin de coordonner la reprise. Bien sûr cela a généré des débats compliqués, mais notre réaction à cette crise a fait l’objet d’un travail collectif mémorable, une sorte d’union sacrée. C’était indispensable car nous évoluons dans une filière au sein de laquelle nous sommes tous étroitement liés pour fournir des produits tous sur-mesure: les partenaires-fournisseurs, les fabricants et les installateurs. De ce fait, notre activité dépend de celle des uns et des autres, et personne ne pouvait redémarrer tout seul ! L’ensemble de la profession a ainsi pu redémarrer la deuxième ou la troisième semaine d’avril. Pour cela, il a fallu convaincre les salariés, avoir l’adhésion des IRP, implanter les mesures sanitaires dans nos usines pour assurer la sécurité de nos salariés. Ce redémarrage des usines a enfin permis à tous les installateurs de fenêtres de reprendre également progressivement leur activité dès le mois d’avril.
Autre point de fierté : notre travail commun au sein du Pôle Fenêtre FFB pour publier une fiche Métier « Pose de Menuiserie Extérieure, en période d’épidémie COVID 19 », déclinant pour nos métier le Guide de préconisations OPPBTP, ce qui est primordial pour le redémarrage en sécurité des chantiers.
Les 6 sites de production de K-LINE ont repris leur activité dès le 1er Avril, où en est la production aujourd’hui ?
Les premières équipes ont redémarré le 1er Avril mais la production de fenêtres a réellement commencé le 14 Avril avec une équipe constituée sur la base du volontariat. J’ai été impressionné par la bonne volonté et le sens des responsabilités des équipes. Dès la fin Avril, nous avions une deuxième équipe constituée. Nous avons déployé une forte communication auprès de nos salariés, via une newsletter hebdomadaire, pour les tenir informés de la situation de l’entreprise, notre organisation, le marché, nos clients et en leur montrant des photos de l’usine équipée et balisée, afin de les rassurer sur la bonne mise en place des gestes barrières sur site. Ils ont été convaincus et beaucoup ont répondu présents. Dans nos usines, nous fournissons à tous nos salariés 2 masques par jour. Le port du masque et la prise de température dès leur arrivée, sont obligatoires. La plupart des salariés étaient contents de reprendre une vie sociale et professionnelle qui leur manquait pendant ce confinement. Fin Mai, nous produirons en 3X8. Globalement, nous assurons à ce jour 80% de notre capacité de production.
Quel a été l’impact économique pour K-LINE ?
Cette crise aura inévitablement un impact sur le CA et la rentabilité des entreprises. Chez K-LINE, nous enregistrons une perte au niveau de notre facturation de 50% en Mars et de 60% en Avril. Ceci devrait impacter notre chiffre d’affaires annuel à hauteur de 15 à 20%.
Quelles ont été vos actions pour aider vos clients à la reprise ?
Nous avons également beaucoup communiqué auprès de nos clients, là aussi avec des newsletters, concernant notre organisation pendant la crise, les actions de nos syndicats, de la FFB et de l’OPPBTP. Le lien n’a pas été rompu. Nos services sont restés opérationnels pour gérer les devis et les commandes, grâce au télétravail et à la présence au siège de quelques équipes. Pour les aider à reprendre et à s’organiser sur les chantiers, nous avons lancé en urgence une K-LINE Academy. Depuis le 27 avril, nous avons ainsi réalisé 18 formations en ligne, sur le principe – 1 heure/ 1 expert/ 1 thématique – concernant le guide de l’OPPBTP, la fiche métier ou diverses réglementations (E+C- …). Plus de 230 personnes ont déjà été formées. Nous avons aussi été très présents auprès de nos partenaires, en organisant des visio-conférences d’échange entre eux sur les difficultés rencontrées et les solutions apportées en fonction de leur problématique selon les marchés sur lesquels ils évoluent.
Quel est votre sentiment sur la situation des marchés ?
Le marché de la maison individuelle s’est moins arrêté car il est possible de faire intervenir un seul corps de métier à la fois. Pour l’activité « chantier » qui concerne la construction de bâtiments collectifs, surtout sur la région de l’IDF, c’est très compliqué mais on espère une reprise de tous les chantiers dès la fin mai, ce qui est éminemment souhaitable. En ce qui concerne le particulier, la bonne nouvelle est que les carnets de commandes se remplissent, mais ceci est le fruit d’une activité commerciale d’avant crise. Cette activité commence tout juste à redémarrer. La confiance des particuliers dans les gestes barrières des installateurs lors des changements de fenêtre sera un élément déterminant. Il est très difficile aujourd’hui de se projeter, notamment après la rentrée de septembre. Néanmoins, nos métiers sortiront grandis de cette crise : améliorer son habitat nous tient encore plus à cœur, et pour ceux qui le peuvent et compte tenu du contexte économique, il est préférable de valoriser son bien , et d’en profiter tous les jours, plutôt que privilégier son épargne…
Selon vous, qui prendra en charge les surcoûts liés au Covid ?
C’est un véritable enjeu pour les entreprises de bâtiment. En tant qu’industriel, K-LINE ne répercutera pas sur ses tarifs les coûts engendrés par le Covid. C’est un choix qui appartient à chaque chef d’entreprise. Pour l’activité « chantier », c’est beaucoup plus compliqué voire risqué. Les marges des entreprises sont faibles et les surcoûts peuvent les mettre en danger. C’est un enjeu traité prioritairement par la FFB avec les autres organisations professionnelles (promoteurs) et les Pouvoirs Publics. Cela concerne les chantiers en cours, mais aussi les chantiers futurs, donc les devis, car il va falloir vivre longtemps avec le COVID !
Vous avez contribué, en collaboration avec les organisations professionnelles AIMCC et FFB, à l’élaboration d’une proposition au gouvernement d’un Plan de Relance spécifique pour les fenêtres, quels en sont les termes ?
Nous devons inciter les particuliers à rénover leur habitat en faisant travailler les entreprises RGE. Il faut mobiliser l’investissement privé. De plus la rénovation énergétique est non seulement importante pour nos emplois, mais aussi et pour notre planète. Nous avons proposé un Plan de Relance sur 18 mois, effectif jusqu’à la fin 2021, basé sur le retour des incitations fiscales simples qui ont fait leurs preuves. Ce plan s’appuie sur des mesures connues et maitrisées comme le crédit d’impôts (ex CITE) qui interviendrait parallèlement à Ma Prim’Rénov, pour les ménages intermédiaires et aisés. Nous avons proposé 15% de crédit d’impôts plafonné à 200€ par fenêtre, et donc sans conditions de ressources. Pour le marché du neuf, nous demandons le rétablissement du dispositif Pinel et du PTZ sur tout le territoire. Ces propositions sont portées par la FFB, le gouvernement semble être à l’écoute, nous espérons avoir un retour très prochainement sur ces propositions.
Propos recueillis par Stéphanie Dreux-Laisné
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