Le parti-pris architectural transcende les contraintes

Vitrine stratégique de la mutation urbaine de Montpellier, le parc tertiaire et commercial Odysseum ne présente plus, en 2011, que quelques parcelles disponibles, de taille réduite, peu aisées à exploiter. Le groupe IDEC, via Faubourg Promotion et le contractant général Sequabat, relève alors le défi de construire 3 000 m2 de bureaux sur l’un des fonciers les mieux placés mais aussi les plus complexes.

Le projet de tous les challenges

À l’entrée du pôle, sur 1 000 m2 calés entre la voirie et le tramway, le terrain, un triangle courbé sur l’un de ses côtés, impose ses limites au projet. Sur le plan esthétique, il s’agit de s’accorder au voisin d’en face : l’iconique lycée hôtelier Georges Frèche, conçu par Massimiliano Fuksas, tout en courbes d’écailles aluminium argenté. Pari réussi huit ans plus tard, dont seulement douze mois de chantier. L’Ammonite, de l’agence montpelliéraine ZUO, déroule sa coque asymétrique vitrée sur trois niveaux en décrochés et un impressionnant porte-à-faux.

Une façade miroir… et transparente

Le bâtiment occupe la totalité du terrain en épousant sa géométrie. Il s’enroule autour d’un patio central courbe (R+3), pointe un angle sous la ligne à haute tension (R+1), et un autre au-dessus de l’emplacement de la canalisation, projetant entre R+2 et R+3 un porte-à-faux de 17 mètres suspendu à deux haubans en acier. Inspiré des techniques de génie civil pour les ponts, « cette solution fine et robuste a exigé des études poussées de la part du bureau d’études de Séquabat avec le BET Verdier (BET Structure Béton Armé) », indique son directeur, Vincent Idé, « notamment pour minimiser la flèche du porte-à-faux et faire coïncider la dilatation du béton avec les normes de pose du mur-rideau ».

La structure du bâtiment s’efface derrière la continuité de sa façade vitrée, qui en épouse les arrondis. Cet écrin de verre permet des bureaux lumineux. Vu de l’extérieur, il offre une surface réfléchissante le jour et transparente la nuit. « L’Ammonite affirme son identité sans perturber celle de son prestigieux voisin », souligne Yves Simon, architecte associé. C’est dire l’importance du dispositif mis en œuvre par l’entreprise de menuiseries aluminium Grégoire12 à partir des solutions Wicona.

Les solutions Wicona utilisées

L’enveloppe déploie 1 650 m2 de mur-rideau Wicona Mecano 52 en presque un seul mouvement qui encercle le bâtiment. Partant de l’entrée, à la pointe du porte-à-faux, il se divise pour prendre un virage sur les R+2/R+3 tandis qu’il poursuit au R+1 vers l’arrière, puis retour vers l’avant. L’impression de continuité lisse donnée par ce montage à facettes provient de la faiblesse des angles (<10 degrés) et de la relative étroitesse de la trame (L. 1 100 mm), mais aussi, sur les profilés verticaux, de l’usage de capots serreurs plats et d’une teinte de profilés gris 7016, sans oublier la discrétion d’ouvrants rapportés Wicline 65 à ouvrant caché. Les horizontales soulignent le mouvement par l’utilisation de capots serreurs saillants, le coloris gris clair des profilés (7 035) et les bandeaux de verre émaillé Emalit (H. 1000 mm) posés entre chaque niveau. Dans la partie centrale, le patio à ciel ouvert laisse entrer la lumière naturelle sans nuire à la confidentialité des bureaux grâce à, de part et d’autre d’une passerelle centrale, douze ensembles menuisés de fenêtres en bande filante Wicline 65 à ouvrant visible. Des portes Wicstyle 65 complètent le dispositif.

« Avec un outil de production de 5 000 m2 et un bureau d’études de 5 personnes, nous avons l’habitude d’intervenir sur des chantiers complexes, notamment des centres commerciaux importants. C’est le prescripteur de Wicona qui nous a indiqué ce projet tertiaire. Pour nous, le défi n’était pas tant technique que d’organisation : comment être performant dans un délai court (trois mois pour fermer les façades) sur un site en pleine ville, sans possibilité de stockage, et gênés par les cathéters du tramway. Il a fallu mettre en place une méthodologie d’approvisionnement optimisé du chantier et nous avons effectué la pose par niveau. » indique David Grégoire, gérant de l’entreprise de Menuiserie Grégoire12, Millau (12). « En dépit des fortes contraintes techniques, nous avons réalisé dans les délais et dans le budget un projet exactement conforme à celui imaginé, qui plus est un succès commercial. Le groupe IDEC a participé avec brio à l’aménagement de ce territoire, nous sommes très fiers de cet ouvrage » se réjouit Vincent Idé chez Sequabat.

Le mot de l’architecte, Yves Simon

C’est le plus petit immeuble tertiaire réalisé à Montpellier par ZUO, mais c’est aussi l’un de ceux dont on parle le plus ! Pour une fois, les contraintes ont véritablement enrichi un projet. Le porte-à-faux est ainsi venu jusqu’à enconstituer la signature. La validation a été longue, il a fallu convaincre l’aménageur de la faisabilité, puis donner tout son temps à la phase études ; enfin, la phase de consultation des entreprises a été délicate car il fallait s’assurer de leur capacité à assurer un chantier d’une telle technicité, notamment dans le lien entre le porte-à faux et la façade.

Notre mission s’attachait à la conception mais nous avons pu échanger avec Grégoire12 sur des enjeux architecturaux importants, principalement pour obtenir une façade courbe la plus lisse possible : mise au point des calepinages, maquette prototype pour la validation des profilés et des coloris… Initialement, nous avions prévu davantage d’ouvrants, mais la question s’est avérée complexe en termes de budget. Nous avons fait en sorte que chaque preneur en bénéficie au moins d’un par bureau et que le confort d’été soit assuré par le vitrage et, occasionnellement, la possibilité de poser des stores intérieurs.

Repères

• Architectes : ZUO Zestful Urban Office Architecture Agence de Montpellier : Stratégie Concept (34)
• Entreprise de menuiserie :
Grégoire12 (Millau, 12)
• Maître d’ouvrage :
Groupe IDEC : Sequabat (contractant général – Faubourg Promotion
• Photos Patrick Loubet