Parole d'architecte : Berranger & Vincent : « La fenêtre : un élément généreux »

#Architectes Publié le 27 avril 2017 par L'Echo de la Baie

Le duo nantais Berranger & Vincent a soufflé ses dix bougies l’année dernière. Rencontrés sur les bancs de l’École nationale d’architecture de Bretagne, c’est encore étudiants que Stéphanie Vincent et Jérôme Berranger remportent leur première distinction : le Prix National de la première œuvre 2004. Depuis, ce petit-fils d’un artisan de la construction bois et celle qui est arrivé à l’architecture par un heureux hasard d’aiguillage égrènent les projets aériens, à la tête d’une agence de douze collaborateurs. Leur tour Hémêra, à Nantes, vient de recevoir le prix spécial Architecture & Matériaux des ArchiDesignClub Awards 2017.

Déclics pour le duo Berranger & Vincent

Jérôme Berranger : « J’ai grandi dans la région nantaise ; des amis habitaient l’Unité d’habitation de Le Corbusier (1955) et elle fait partie de mes premiers émois architecturaux avec… le Panthéon de Rome. Mais le premier moment vraiment fort, c’est bien-sûr la distinction de notre premier bâtiment : la maison pour ma sœur, une maison d’agriculteurs non conventionnelle (Farmer’s House, 2003), alors que Stéphanie et moi étions encore étudiants à Rennes ; cela a généré des commandes qui nous ont poussés à créer notre agence. »

Stéphanie Vincent : « Ce prix nous a surpris parce que nous n’y avions pas du tout pensé. Plus tard, quand nous avons été lauréats des Albums des Jeunes Architectes et des Paysagistes (Ajap, 2010), cela nous a ouvert la porte de maîtres d’ouvrages sur des typologies de projet plus variées. Un autre déclic a été la rencontre avec Alexandre Chemetoff (Grand Prix de l’urbanisme 2000) dans le cadre de son travail sur l’Île de Nantes (2000-2010). Nous avions été retenus pour un îlot de logements avec Atlantique Habitations, l’îlot 47-Fonderie. Sa vision de la ville et sa conception de l’architecture, sa façon de décortiquer et de travailler avec l’existant portent encore notre démarche, à savoir : appréhender le projet dans une perspective globale et répondre le plus délicatement possible au fonctionnement du lieu, aux usages. »

Un rapport généreux à l’extérieur

Jérôme Berranger : « De la même manière que nous visons à produire sans reproduire, à chercher encore et toujours en fonction de chaque projet, chaque programme est pour nous l’occasion de dépasser la demande, de proposer des éléments de programmation, des espaces qui n’y figuraient pas, notamment dans un rapport généreux à l’extérieur. Par exemple, sur l’îlot 47-Fonderie à Nantes, du logement social, on a plaidé auprès du maître d’ouvrage pour des façades sud-ouest très ouvertes et, de fait, l’opération est très bien perçue par ses usagers. Ou encore pour la halle marchande du Pouliguen, dont nous avons supprimé le toit d’ardoise pour, au lieu de quelques ‘’prises de lumière’’, poser sur la charpente une couverture d’écailles de verre. »

Stéphanie Vincent : « On suit une logique attentive à l’environnement dans tous les sens du terme ; en quoi on peut revendiquer une démarche écologique et une architecture bioclimatique. Dès lors, la question des ouvertures se pose très vite. Outre l’orientation, primordiale bien-sûr, on a toujours travaillé la fenêtre comme un élément généreux car c’est elle qui ancre le bâti et les usagers dans le lieu, dans leur environnement ».

Jérôme Berranger : « C’est flagrant sur la récente tour Hémêra (16 étages), avec ses différentes façons d’habiter l’environnement selon le niveau où l’on vit : habiter les arbres, habiter la ville, habiter le ciel. Quand le BBC est arrivé, tout le monde prônait des bâtiments ultra compacts et fermés ; heureusement, la réglementation a évolué en imposant un minima d’ouvertures pour rappeler que l’isolation ne se réduit pas à créer un gros manteau. » Finesse et qualité.

Stéphanie Vincent : « Nos commandes n’autorisent pas des solutions très high-tech mais nous cherchons toujours le meilleur compromis entre les performances thermiques/acoustiques, la technicité des vitrages et la finesse des châssis. Travaillant beaucoup la légèreté, les rez-de-chaussée en murs rideaux et les baies/fenêtres de grandes dimensions, on argumente toujours auprès du maître d’ouvrage pour du châssis qualitatif en aluminium ou bois, quitte à réduire un peu les dépenses sur d’autres postes. Nous sollicitons beaucoup notre économiste et croisons ses recherches avec nos propres démarches en direct auprès des fournisseurs, comme sur le projet de Maison de quartier, à Bordeaux, pour lequel nous cherchons la solution optimale d’intégration des stores dans un double-vitrage sur châssis bois-alu-minium. »

Jérôme Berranger : « Avant de boucler nos dossiers de consultations et de rencontrer le maître d’ouvrage, nous validons souvent la faisabilité technique d’une solution auprès des entreprises de menuise-rie. Ça donne parfois des solutions à la fois élégantes et intéressantes, par exemple ces ouvrants avec protection solaire intégrée dans le complexe vitré utilisés pour du tertiaire par une entreprise, qui nous a permis de la proposer dans de l’habitat individuel ; nous avons hâte de pouvoir l’adapter dans du logement social ! »

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