Avis d'experts : Nicolas Cailleau et Nicolas Loppin - SNFA

#Marchés Publié le 12 septembre 2024 par L'Echo de la Baie

Dans un secteur des façades et de la paroi vitrée largement impacté par la chute des chantiers neufs, si les opportunités réelles en matière de rénovation-réhabilitation n’ont pas encore pris le relai dans les carnets de commande, le marché n’en est pas moins colossal à long terme. Un sujet central pour la profession. Le point avec Nicolas Cailleau, délégué général du SNFA, et Nicolas Loppin, délégué technique.

Le SNFA publie une étude sur l’impact des parois vitrées sur des critères clés de la RE2020 réalisée avec le bureau d’études Tribu Energie. Quels en sont les enseignements ?

Nicolas Cailleau : L’enjeu de cette étude était de poser des chiffres nets et précis pour, au-delà de la décarbonation des façades, combattre certaines idées reçues ayant la vie dure sur les façades vitrées. Particulièrement concernant leur impact sur l’indicateur Bbio (Besoin bioclimatique) et sur l’indicateur Degré Heure (DH), qui caractérise le confort d’été.

Nicolas Loppin : Nous avons réalisé des simulations pour chaque typologie de façade vitrée, dans des configurations variées de protection solaire et dans les différentes zones climatiques. Les résultats permettent de tirer 5 conclusions principales.
1. Le meilleur Bbio s’obtient en augmentant les surfaces vitrées, sachant que 40% de surfaces vitrées est un minimum pour respecter le Bbio.
2. Le taux d’ouvrants dans une façade améliore le confort d’été de façon significative.
3. Un bâtiment vitré à 40% répond mieux aux exigences de la RE2020 qu’un bâtiment vitré à 20%, et ce, même sans protection solaire.
4. Un bâtiment vitré à 80% avec des protections solaires adaptées sera toujours performant en Bbio, excepté dans les zones H2D et H3.
5. Une paroi vitrée jusqu’à 60% permet de respecter le DH, avec les protections solaires adaptées.

Nicolas Cailleau : Cette étude met clairement en évidence les bienfaits des apports solaires, de chaleur et de lumières, et met en valeur l’importance d’une gestion du confort d’été avec les protections solaires et des ouvrants adaptés aux solutions conçues. Par-delà ces 5 enseignements principaux, elle donne le Go pour les travaux complémentaires et le développement de solutions de conceptions de façades optimisées pertinentes en fonction de la zone climatique, de l’orientation, du type de vitrage, du type de protection solaire, du nombre d’ouvrants, ou encore des solutions de pilotage…

Vous annoncez l’évolution du label FaçadeAlu vers l’intégration des questions environnementales et sociétales. C’est-à-dire ?

Nicolas Cailleau : Les réponses environnementales et sociétales sont des sujets sur lequel l’ensemble des acteurs de la construction sont attendus. L’enjeu, pour nos adhérents labellisés – actuellement au nombre de 15 –, consiste à se familiariser sur les attentes des maîtres d’ouvrage en la matière et à prouver qu’ils sont acteurs sur ces sujets.

Nicolas Loppin : Nous travaillons à faire évoluer le référentiel pour doter le label d’une analyse plus poussée sur des questions comme la décarbonation et la traçabilité des chutes de production, la mise en pratique de l’économie circulaire, l’écoconception des produits… En parallèle, le SNFA prépare pour la fin de l’année un kit concret permettant à ses adhérents labellisés de se mettre à niveau sur ces sujets, associé à un module de sensibilisation/formation.

Nicolas Cailleau : Cet enrichissement du label s’inscrit dans la continuité des actions du SNFA en faveur de la décarbonation des ouvrages. À ce titre, l’un des chantiers en cours est la révision des FDES Façade, anticipée à 2025 du fait de la nouvelle version de la NF EN 15804+A2 dotée du complément national. À cette occasion, nous rechallengeons, avec notre partenaire GFA, les seuils définis dans la démarche de traçabilité Alu+C-.
Le Groupe de coordination Normalisation Bâtiment (GCNorBât-DTU) a validé la pertinence d’une révision du NF DTU 33.1 plaidée par le SNFA. Quels en sont les axes majeurs ?

Nicolas Loppin : Cette révision fait écho à trois NF DTU essentiels pour la profession : ceux, également en cours de révision, concernant les fenêtres (NF DTU 36.5) et les vitrages (NF DTU 39), et celui sur les protections solaires (NF DTU 34.4), indissociable de la conservation des façades vitrées.
Les points soulevés par le SNFA visent à actualiser les règles de l’art attendues par rapport aux évolutions du marché et des techniques constructives.
Il s’agit notamment de prendre en compte les solutions mixtes bois/aluminium, de baliser les critères de conception des façades aluminium sur des ossatures primaires qui présentent des déformations plus importantes, d’optimiser les dimensions de nos ossatures et des composants, tels que le vitrage, au regard des critères de décarbonation. Mais aussi d’écrire les dispositions techniques permettant de cadrer précisément la rénovation/réhabilitation, pour que les entreprises aient les moyens de s’engager sur les projets et de partir sur des garanties.
Le SNFA a écrit une vingtaine de fiches techniques prénormatives depuis 15 ans, qui pourront être intégrées dans le NF DTU révisé, au même titre que des éléments de notre guide sur l’acoustique des façades.
Le processus sera long, à la mesure de son ambition. Pour lui donner les chances d’aboutir au mieux, le SNFA a missionné un expert judiciaire ancien membre de la profession chargé de l’accompagner pour rédiger l’avant-projet qui sera transmis cet automne à la commission de normalisation P28A en charge du NF DTU 33.1.

Laurence Martin

Cet article est un extrait du dossier Façades de L’Echo de la baie n°160, de septembre 2024. Pour lire le dossier en intégralité, vous pouvez vous abonner ou acheter à l’unité ce numéro ici : https://www.lechodelabaie.fr/abonnements/


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