Étude TBC : un marché sous tension

Après une année 2022 encore en croissance, le marché de la porte d’entrée pour la maison est à son tour impacté par les effets conjoints de la crise immobilière, de la chute de la construction de maisons neuves, de la baisse des ventes dans l’ancien et de freins divers à la rénovation. En 2023, le nombre d’unités vendues et installées s’est maintenu au-delà de la barre symbolique des 500 000 unités, selon l’étude de marché publiée fin mars par TBC Innovations.

Outre la baisse du nombre d’unités, « ce qui change foncièrement des années précédentes, c’est la dégradation de la situation dans la construction neuve » note, sans surprise, Sandy Lantoine Bastoul, responsable études marketing. « Selon la base statistique Sit@del2 du ministère de la Transition écologique et solidaire, les mises en chantier de maisons individuelles ont régressé de –25,6% en 2023 » et les perspectives sont peu réjouissantes pour 2024. « Selon le Pôle Habitat FFB, les ventes de maisons en diffus ont chuté de -39,1% en 2023 alors qu’elles avaient déjà baissé de -31% en 2022. Elles sont tombées à 58 500 ventes en cumul sur un an, soit 40 000 maisons de moins qu’en 2022. Les prévisions pour 2024 sont très pessimistes étant donné la faible ouverture de nouveaux chantiers et l’annulation de nombreux projets. »
Tous les matériaux sont impactés mais ceux plus particulièrement positionnés sur le neuf, comme l’acier, le sont logiquement plus que d’autres.

Rénovation : croissance « hésitante »

Toujours premier débouché du secteur, la rénovation, après deux années exceptionnelles en 2021 et 2022, a connu en 2023 une progression mitigée qui « ne compense pas la chute du neuf ». « Si le contexte en rénovation de maisons reste porté par l’appui du taux réduit de TVA à 5,5%, de nombreux indicateurs sont au rouge », au premier rang desquels les conditions de financement. « Le niveau des transactions immobilières dans l’ancien poursuit sa régression et chute de -21,1% à fin novembre 2023 sur un an », sous la barre du million, avec 885 000 transactions à fin novembre selon les Notaires de France.
Si la question des dispositifs d’aides à la rénovation n’a pas été abordée dans l’enquête (pas plus que celle de l’impact carbone ou du recyclage, « les installateurs y sont peu sensibilisés »), pour autant, « on entend bien que l’instabilité sur ce sujet est perturbante », reconnaît Sandy Lantoine Bastoul.

Design, sécurité, e-commerce

Si les ventes confirment le passage en tête des tendances des designs contemporain (61%), « la sécurité et la maison intelligente sont au cœur des préoccupation des fabricants »… et des particuliers, lorsqu’ils associent solutions motorisées, connexion avec l’alarme et contrôle d’accès. « Même si les solutions connectées représentent un marché de niche, on constate que, sur un marché globalement décroissant, elles sont en croissance du fait qu’il y a de plus en plus d’offres », note Sandy Lantoine Bastoul.
Quant au e-commerce, dont l’étude relève la pénétration avec une progression de plus de 60% en 5 ans, « certes, il est encore très minoritaire mais sa croissance démontre une confiance accrue du particulier dans ce mode de distribution », poursuit-elle. « Et de plus en plus d’artisans se fournissent en ligne, pour la praticité notamment au niveau des horaires. »

Perspectives

Dans un contexte aussi perturbé, quels sont les scénarios d’évolution ? La conjoncture dans le neuf va certainement donner une année 2024 compliquée, avec une rénovation qui ne fait pas relai de croissance. Le regard doit porter sur 2025-2026 pour envisager la reprise dont sont porteurs des signes macro-économiques.

Par Laurence Martin

Cet article est un extrait du dossier Portes de L’Echo de la baie n°158, d’avril 2024. Pour lire le dossier en intégralité, vous pouvez vous abonner ou acheter à l’unité ce numéro ici : https://www.lechodelabaie.fr/abonnements/